DESCRIPTION DU RESEAU

 

La construction du réseau ferrée au Vietnam s'est déroulée en deux grandes phases distinctes:
- Le réseau indochinois construit durant l'époque coloniale française entre 1896 et 1936 avec la réalisation des grandes lignes stratégiques qui constituent l'épine dorsale du réseau actuel.
- Les extensions et transformations réalisées durant les années 1960 par les Nords-Vietnamiens avec l'aide des Chinois pour faire face aux besoins des armées dans la guerre menée contre les Américains.

Carte générale du réseau ferré de l'union indochinoise (réseau ferré du Vietnam et du Cambodge).

Agrandissement

 

 

 

 

 

 

Les réalisations françaises

Le réseau construit entre 1896 et 1936 par les Français durant l'époque coloniale totalisait à son apogée un total d'environ 2600 km de lignes ferroviaires intégralement à voie métrique réparties de la manière suivante: 
* Saigon - Hanoi: 1726 km de ligne principale, surnommée le "Transindochinois" ou ligne "Mandarine". C'est un axe structurant du réseau qui relie Hanoi capitale politique du pays à Saigon capitale économique, les deux plus grandes villes du pays.
* Hanoi - Haiphong: 102 km de ligne principale qui constitue la première partie de la ligne du "Yunnan".
* Hanoi - Lao Cai: 296 km de ligne principale. C'est la deuxième partie de la ligne du "Yunnan" qui continue au-delà de la frontière jusqu'à Kunming en Chine, Lao Cai étant la gare frontière vietnamienne. Les Français avaient réalisé l'ensemble de la ligne de Haiphong jusqu'à Kunming avant que la région du Yunnan ne redevienne chinoise par la suite. 
* Hanoi - Lang Son - Dong Dang: 162 km de ligne principale. Dong Dang est la gare frontière vietnamienne où s'achève la voie métrique et où la voie normale poursuit son trajet vers la grande métropole chinoise de Nanning. Le troisième rail fut posé de Dong Dang jusqu'à Hanoi pendant la guerre du Vietnam.
* Hanoi - Luu Xa - Quan Trieu: 75 km de voie ferrée. Cette ligne à caractère industriel est en tronc commun avec celle du "Yunnan" de Hanoi Gia Lam jusqu'à la gare de Dong Anh où les deux lignes se séparent. Elle desservait juste après le noeud ferroviaire de Luu Xa la très importante zone industrielle de Thai Nguyen.
* Thap Cham - Dalat: 84 km de ligne principale dont trois sections totalisant 17km équipées de crémaillère. La section de montagne Song Pha - Dalat fut définitivement abandonnée en 1976 après la réunification du pays et la voie fut déposée au début des années 1980. Seuls les huit derniers kilomètres du parcours furent partiellement épargnés puis remis en état et permettent depuis 1991 la circulation des trains touristiques entre Dalat et Trai Mat. Ce tronçon n'est cependant pas répertorié sur les cartes officielles des VNR.
* Di An - Lôc Ninh (noeud ferroviaire de Saigon): ancienne ligne d'environ 100k m de long construite par les français et complètement abandonnée après 1959. Cette ligne avait son terminus situé non loin de la frontière cambodgienne. La voie a été intégralement déposée après la réunification des deux Vietnams  en 1975 suite aux difficultés économiques du pays. La plate-forme est toujours existante sur une bonne partie du tracé qui sert de nos jours de chemin d'accès aux champs pour les paysans, hormis deux tronçons sacrifiés pour le développement urbain à la traversée des villes de Phu Cuong et de Di An.
* Gia Dinh - Hòc Môn (noeud ferroviaire de Saigon): tronçon inachevé d'une vingtaine de kilomètres qui devait constituer l'amorce de la future ligne internationale projetée par l'Union indochinoise entre la Cochinchine et le Cambodge et permettre ainsi de joindre Saigon à Phnom Penh en achevant la dernière liaison manquante du réseau indochinois si les évènements historiques s'étaient déroulés autrement. Cette amorce exploitée durant la période coloniale par le tramway vicinal de Saigon tomba en désuétude lors de la deuxième guerre mondiale et fut totalement démantelée peu avant la fin de la guerre d'Indochine.
* Dieu Tri - Quy Nhon: ligne à voie métrique longue de 10 km embranchée au transindochinois pour la desserte de la ville de Quy Nhon.

Il faut également mentionner l'existence de plusieurs embranchements et lignes à caractère industriel qui furent construites autour des grandes villes comme Saigon, Hanoi et Haiphong pour desservir les différentes zones industrielles et portuaires. Certains d'entre-eux existent toujours, d'autres ont aujourd'hui totalement disparu victimes de l'expension urbaine.

Sur les 2575 km de voie construits sous l'administration française durant l'époque coloniale, seuls 2371 km sont encore de nos jours en exploitation si on excepte les 8 km de la ligne Dalat-Trai Mat assurés pour les besoins touristiques.

 Les réalisations vietnamiennes
 
Carte du réseau vietnamien actuel incluant les branches industrielles et militaires existantes et déposées depuis la fin de la guerre. Agrandissement

Après l'achèvement par les Français des lignes principales qui constituèrent ainsi l'ossature du réseau, les Nord-Vietnamiens aidés par les Chinois prirent le relais à la fin des années 1950 en réalisant en un temps record la construction d'une nouvelle ligne cette fois-ci à écartement normal pour assurer la logistique militaire dans la guerre menée par les Américains contre le Nord-Vietnam.
La ligne transversale Luu Xa - Kep - Ha Long longue de 163 km constituée en réalité de deux tronçons distincts, Luu Xa - Kep (57 km) et Kep - Ha Long (106 km), fut l'unique voie ferrée vietnamienne construite intégralement à l'écartement standard contrairement au reste du réseau construit à l'écartement métrique. Cette ligne qui desservait la "baie des cochons" près de Ha Long permis d'acheminer l'essentiel du trafic militaire approvisionné par bateau en provenance de Russie et de Chine durant la guerre du Vietnam.
Le choix de l'écartement normal fut motivé en raison de l'important soutien logistique fournit par la Chine au Nord Vietnam durant la guerre. La Chine qui possédait un gigantesque réseau à voie normale était en mesure de produire du matériel à voie normale en grand nombre, permettant ainsi de palier facilement à la faible disponibilité du matériel métrique difficilement remplaçable qui a beaucoup souffert des destructions tout au long de la guerre du vietnam.
De ce fait, les Nord-Vietnamiens effectuèrent dans le courant des années 1960 la transformation de deux lignes à voie métrique en posant un troisième rail pour permettre la circulation de tous les trains quelque soit leur écartement et desservir ainsi les points stratégiques du Nord du pays en évitant les transbordements qui pénalisaient fatalement les efforts de guerre. Les deux lignes modifiées qui totalisent 231 km furent les suivantes:
* Hanoi - Lang Son - Dong Dang: 162km. Ligne raccordée au réseau chinois à voie normale. A noter que la gare de Kep située sur ce tronçon est le point d'intersection commun avec la ligne transversale Luu Xa - Ha Long, constituant un point de maillage important du réseau à voie normal.
* Hanoi - Luu Xa: 69 km. Ligne équipée en troisième rail pour permettre la desserte de l'important complexe industriel de Thai Nguyen et assurer sa défense contre l'aviation américaine pendant la guerre.
 
Les Nords-Vietnamiens procédèrent également dans les années 1960 à la réalisation d'un raccordement à l'Ouest de Hanoi pour éviter les noeuds principaux de Hanoi Gia Lam et de Yen Vien, uniques accès vers le Sud qui furent lourdement bombardés en 1972 par l'aviation américaine. Cette liaison permis également d'accélérer la circulation des trains militaires entre le Sud de la Chine et la ville de Vinh, début de la piste Ho Chi Minh.
Le contournement Ouest de Hanoi long d'environ 50 km se détachait de la ligne "mandarine" peu avant Hanoi à la hauteur de Van Dien pour venir se greffer plus au Nord à la ligne du "Yunnan" au niveau de la gare de Bac Hong . Ce tronçon fut réalisé à l'écartement métrique. C'est la seule ligne comportant une unique mais courte section à double voie au niveau du pont de Than Long qui enjambe le fleuve Rouge. Cette ultime contournement beaucoup plus fonctionnel constitua un deuxième itinéraire possible en cas de bombardement d'un des deux axes. Un raccordement direct fut réalisé à chaque bout du contournement pour autoriser toutes les directions possibles sans rebroussement des trains.
 
En dehors des grands axes répertoriés par les VNR, certaines cartes non officielles font apparaître un certain nombre de lignes secondaires et d’embranchements à caractère industriels ou militaire destinés à desservir des zones industrielles ou des complexes stratégiques dont l’existence demande à être confirmée.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer le fait que ces quelques lignes supplémentaires ne sont pas inventoriées officiellement: 
1. Certaines lignes ont fait l’objet durant l'époque coloniale de projets qui n'ont malheureusement jamais dépassés le stade des études. Ce fut le cas de la défunte liaison esquissée pour desservir le Laos, pays dépourvu de chemins de fer, dont le projet fut abandonné après une courte tentative en raison des coûts et des difficultés pour réaliser une telle ligne.
2.
D’autres lignes ont connu un début de commencement de travaux mais n’ont jamais été achevées pour diverses raisons (travaux commencés peu avant la deuxième guerre mondiale, investissements insuffisants suite aux difficultés économiques...). Ce fut le cas de deux liaisons:
* Giat - Nghia Dan: ligne à voie métrique longue de 30 km embranchée au transindochinois qui connu un début de réalisation de travaux durant la période coloniale avant d’être totalement abandonné peu avant la deuxième guerre mondiale. Cette branche devait permettre la desserte de la ville et des carrières de Nghia Dan. Il reste encore des traces de l’ancienne plate forme inachevée.
*Tràng Bom - Âp Thanh Lam: cette liaison située à l'Est de Saigon près de Xuan Loc pour desservir des plantations d'Hévéas connu également un début de travaux avant d'être abandonné, le tracé de la ligne figurant sur certaines cartes détaillées d'époque.
3. Un certain nombre d’embranchements ont été réalisées et mis en service à divers époques pour desservir soit des complexes industriels, soit des zones stratégiques. C’est le cas des lignes suivantes qui totaliseraient 113 km supplémentaires:
* Pho Lu - Pom Han: ligne à voie métrique longue de 24km embranchée sur la ligne du "Yunnan" peu avant Lao Cai. Cette branche qui fut réalisée durant l'époque coloniale semble encore en activité et desservirait une carrière ou un complexe industriel, mais cela reste à confirmer.
* Tien Kien - Lam Thao: embranchement à voie métrique long de 3km également reliée à la ligne du "Yunnan" à la hauteur de Phu Tho fut réalisé à l’époque coloniale. Il desservait un important complexe militaire récupéré après la guerre d'Indochine par les communistes.
* Mai Pha - Dông: contournement stratégique de la ville de Lang Son long de 7 km établi à l'écartement standard par les Nord-Vietnamiens avec l'aide des Chinois pour accélérer les trains militaires en provenance de Chine durant la guerre du Vietnam.
* Dong Dang - Na Sâm (Na Cham): ligne stratégique longue de 15 km dont l'écartement n'est pas connu (voie métrique ou voie Decauville de 60cm). Etablie en accotement routier le long de la route coloniale n° 4 (RC 4) en direction de Cao Bang et construite durant l'époque coloniale, elle fut démantelée peu après la guerre d'Indochine.
* Dòn Dièn Coudoux - Xòm Cùc : ligne stratégique à voie métrique longue de 17 km construite par les Nord-Vietnamiens dans les années 1960 qui permettait d'accélérer le transport de la logistique militaire venant du Nord pour approvisionner les unités du Viêt-Cong au Sud, en empruntant la fameuse piste Ho Chi Minh dont l'itinéraire principal démarrait de Xòm Cùc et passait plus au Sud par le col de Mu Gia.
* Lang Son - Phu Lang Thuong: ligne stratégique à voie de 60cm longue de 31 km embranchée à la ligne à double écartement du Nord en gare de Lang Son. Cette ligne a été réalisée avec une voie Decauville installée en accotement routier. Elle fut démantelée au cours des différents conflits.
* Chi Linh - Co Thanh: projet de ligne à écartement normal longue de 16 km reliée à la ligne transversale Luu Xa - Ha Long. Aucune information ne permet de savoir si cette ligne a réellement existé.
 
Il faut noter également deux particularités propres au réseau vietnamien:
- Certaines grandes villes comme Phan Thiet, Qui Nhon, Nha Trang et Danang furent desservies par de courtes antennes embranchées à la ligne principale qui contourne ces grandes villes, astuce qui permettait à l'époque d'éviter de lourds travaux pour traverser les centre-villes. Nha Trang possède même une boucle de retournement assez originale baptisée "raquette de retournement" en raison de sa forme. Cette boucle fut créée autour d'un quartier du centre-ville permettant à l'ensemble des trains de repartir dans la direction opposée sans être obligé de rebrousser.
Boucle de retournement Nha Trang
- Un certains nombre de raccordements directs furent construits par les Nords Vietnamiens à l'époque de la guerre du Vietnam aux niveau de noeuds ferroviaires stratégiques importants comme à Hanoi, Kep et Cam Ranh. Les raccordements directs qui n'étaient plus utiles à l'exploitation actuelle des VNR ont été neutralisés puis déposés après guerre, les infrastructures étant néanmoins soigneusement conservées au cas où.
Raccordements stratégiques
 
Comme on peut le constater sur les cartes, en dehors de la ligne mandarine, le Sud du Vietnam est relativement dépourvu de voies ferrées. Le Nord est quand à lui beaucoup mieux fourni et maillé, permettant au Nord du pays d'être une véritable plaque tournante dans le trafic des marchandises et d'écouler vers le golf du Tonkin et vers le Sud de l'Asie un flux important de produits en provenance de certaines régions de Chine qui ne possèdent pas d'accès à la mer.
On compte donc en définitif  près de 2450 km de voies métriques exploitées dont 231k m de voies mixtes à double écartement et 163 km de voies à l'écartement standard, ceci en excluant les 113 km de branches secondaires non confirmées.

Une organisation moderne pour la maintenance et l'exploitation du réseau
 
La maintenance et l'exploitation du réseau ferré vietnamien actuel sont administrés 
en 3 régions principales:
- La première et la plus importante de toutes qui gère toutes les lignes du Nord depuis Dong Hoi sur la ligne "mandarine"
- La deuxième plus modeste qui s'occupe de gérer le tronçon entre Dong Hoi et Dieu Tri
- La dernière également très modeste qui gère le restant de la ligne principale entre Dieu Tri et Saigon
 
Au niveau de l'exploitation du trafic fret, trois centres de transbordement rail-route des marchandises ont été créés dans les années 1980 et développés durant les quinze dernières années à Saigon, Da Nang et Hanoi pour centraliser les échanges.
Trois triages localisés près des centres de transbordement permettent d'assurer la réception et la préparation des trains en fonction de leur destination et de leur chargement. Ceux-ci sont situés à:
- Song Than dans la périphérie de Saigon
- Gia Bat au Sud de Hanoi
- Yen Vien au Nord de Hanoi situé au coeur d'un véritable noeud ferroviaire stratégique, le plus important du Vietnam où cohabitent les deux écartements et où se rejoignent toutes les lignes principales du Nord.
 
La grande maintenance du matériel est assurée par deux grands ateliers:
- Le premier situé à Hanoi Gia Lam qui assure en plus du matériel à voie métrique la maintenance du matériel à écartement normal circulant sur les lignes du Nord pourvues de troisième rail.
- Le deuxième localisé à Di An près de Saigon s'occupe exclusivement de la maintenance du matériel à voie métrique.
Les dépots de machines qui sont en charge de la maintenance courante et du garage sont localisés à Hanoi Gia Lam, Vinh, Da Nang et Saigon.
Les voitures voyageurs sont quand à elles entretenues et garées dans les dépots de Hanoi Long Bien, Vinh, Da Nang et Saigon.

 

Retour en haut de page

Page de garde